« NUL NE GUÉRIT DE SON ENFANCE »
« NUL NE GUÉRIT DE SON ENFANCE »
(Extrait d'une chanson de Jean Ferrat)
Cette simple phrase m’apparaît lumineuse ainsi énoncée avec tant de mélancolique spontanéité si lourde de sens suggérés tel incontournable constat chargé d'irrémédiables conséquences, parfois tragiques, pour l'être alors naissant qui épouse à son heure un monde hors sa mère où il devra se construire seul en ce singulier univers qui l'accueille, celui de « Son » enfance. Dès son primal cri, signifiant, « je suis là ! », le petit Être est là, à la merci de tout danger, comme de tout Amour aussi, et, son petit corps tout chaud qui quémande le sein est déjà sous le joug d'une dépendance possessive, d'un décor d'habitudes qui l’aspire sans recul et le façonne dans la continuité des us et coutumes de son nid tissé d'affection, ou non, d'une culture aux traditions d'exigences plurielles qui façonnent pour lui ce ciel singulier propre à la Destinée qui s’ouvre devant lui, comme soumis à ces devoirs à assumer qu’il entrevoit déjà par tout ce qui l’entoure en son nid de bébé, oui, déjà ! Car à cet âge-là nous sommes des éponges aux fragiles pavois en ce grand bain du Monde qui avance à grands pas, où tant la vie qui nous imbibe ainsi bouillonne à foison des codes et refrains de nos parents et nos familles, de nos maîtres et nos censeurs, de nos communautés aux absolues valeurs… Qu’il lui faudra apprendre pour affirmer « Sa Main » et la bien incarner. Tous nous naissons ainsi en un vaisseau qui parfois ivre nous emporte si loin, loin, sur les flots de l'Amour et de la Liberté, ou tout autant nous rabougrit en ses jours gris, ou bien nous emprisonne en ses carcans frileux, soumis ou ambitieux, qui ne sont pas toujours les nôtres, mais… Ceux de nos géniteurs qui régissent nos heures. Parfois, tout est (presque) parfait, Alors nous rayonnons de qui nous sommes intimement, selon notre nature toujours singulière, guidés et accompagnés avec harmonie et respect, tact et complicité, rigueur civilisée et que sais-je encore. Cependant, ne devenons-nous pas, malgré tout, malgré nous, et essentiellement par grégaire atavisme, cette image contrefaite qu'ont désirée pour nous nos parents, nos aînés, comme nos sociétés ? Ainsi, sommes-nous si souvent contraints par ces mille raisons d’un quotidien qui nous ficelle dès l'âge le plus tendre. Alors il nous faut attendre, longtemps apprendre, penser, réfléchir, éprouver et souffrir, pour enfin, et peut-être, quand cela peut se faire, agir par et pour nous-même pour bien nous extirper de ces schémas restreints ou sclérosants qui nous furent imposés. Et si cela advient, tel un petit miracle, c'est alors jour de fête pour notre cœur qui bat soudain un peu plus vite, et chasse le couvercle de notre univers clos qui saute alors si loin de ce chaudron où l'on a si longuement baigné, mijoté et mûrit, qu’en jaillissante délivrance l'on existe en ce soi unique et singulier vraiment, qui se révèle alors, pleinement souverain. Cependant, les initiales empreintes de notre enfance ne nous libèrent jamais vraiment entièrement du nid de nos balbutiements, et parfois de subtiles sensations, coupables trop souvent, savent insidieusement nous ronger l'âme alors que nous pensions, trop cavalièrement peut-être, nous être affranchis des règles mal comprises de cette humanité quelque peu protectrice, et parfois dévoyée qui nous a peaufinés pour suivre vaille que vaille cet initial chemin qui n'était pas le nôtre. Alors, à cette orée de Sa Vie Souveraine chacun fait comme il peut, car on ne sait jamais les portées de nos choix à l’heure où ils s’affirment. Soit l’on tranche dans le vif de notre Être Pensant qui se rebelle en exultant, non sans quelque souffrance, soit l’on se raisonne bon enfant que l’on est où que l’on se doit d'être pour ceux qui de leurs mieux parfois nous éduquèrent, par amour, devoir, ou les deux à la fois, à leurs manières et à leurs vues, et l’on s'étiole lentement en ennui mortifère privant son Être de Lumière, de lumière propre qui n’aura su jaillir en sa plénière vérité. Car, il faut être rebelle, entreprenant et courageux, audacieux plus encore, ou bien alors fort chanceux de naissance, berceau béni des dieux, pour respirer bien et le plus amplement à la mesure du souffle que l’on est, avant même de naître.
« ÇA NE CHANGE PAS UN HOMME, UN HOMME CA VIEILLIT »
(Une chanson interprétée par Johnny Haliday)
Ainsi, cahin-caha, « Ça ne change pas un homme, un homme ça vieillit » et ça se fait au monde. Il est parfois des phares qui offrent leurs clartés aux vieilles peaux flétries comme aux jeunesses hardies de forts tempéraments qui prennent alors leurs élans en intenses incendies pour ne pas renoncer à leurs vraies natures et richesses par des choix audacieux pleins d'espoirs pour Leurs Vies. Mais, qui suis-je, Moi, sur l'échiquier du monde qui m'accueille ? Mon plus intime questionnement est là, frémissant, sans grande certitude sur qui je suis pour moi, et qui je suis pour l'autre : libre ou pétri encore, et pour toujours peut-être, de mimétismes castrateurs, de servitudes assises, de trop de vérités devenues parasites qui se seront gravées sur mes murs de l’enfance ? « Ça ne change pas un homme, un homme ça vieillit. ». Cependant vieillissant, ça s'émancipe aussi, parfois, sur les flots de La Vie, de Sa Vie. Telle est mon Espérance, celle de l'homme fait, qui cheminant toujours, nomade en ses atours épouse son destin avec sérénité, loyauté, joie d'être Libre et d'aimer, de vibrer sur les cordes du temps qui lui est accordé. « Vagabonde » est cette idée qui m'est si Chère ! Tout Être, et cela bien avant même sa naissance, jamais n'appartient à quiconque, sinon à « La Vie » même de Son Avènement, et, si cela se peut être, à « Sa Propre Vie », singulière toujours, qu'il peut offrir ou non, mais que jamais l'on ne devrait lui confisquer, pas plus que la domestiquer ou la contraindre, même sur l'autel sacré de l'Amour, surtout sur celui-là d’ailleurs, qui ne se vit qu’en mutuelles et libres attirances, qui parfois cependant évolues sous nos nues ; Ainsi, s'offre-t-il toujours, mais jamais ne s'achète, où ne se négocie ! Il est Don qui n’est Dû, et les liens qui le tissent, toujours si mystérieux, nous sont bien difficiles à saisir, à cerner. Il nous faut simplement les accepter avec audace et harmonie tels ils nous ont liés, au risque de les vivre à leurs plus hauts degrés, comme aussi de les perdre, s’ils se sont usés ! Aussi, parfois s’impose un choix aux douleurs abyssales, mais, de notre intime discernement, toujours dépend notre plus vrai rayonnement. L'Amour et l'Amitié sont ces deux fruits précieux de toute vie qui marche, ou courre, mais qui toujours avance au risque de se perdre, ou qui s’immobilise aussi, en un instant sans fin ou vibre en émotions de belles communions, où cette voie honnie de nos instincts bannis, mais sidéraux aussi, ne dépendant jamais d’une quelconque volonté sachant les obliger, ou bien d'aléatoires raisonnements tellement évidents, logiques et bien pensants comme paralysants, obsolètes cachots de nos vitaux élans.
Ce qui me semble beau en l'Avance de l'âge, lorsque nous l'acceptons alors telle une amie, est ce recul qu'elle nous offre, qui nous affine et nous dessille les paupières pour que loin portent nos regards sur cette immensité qui nous échappe encore, peut-être pour toujours, celle de l'Humain Vivant Aspirant au Bonheur, face à son devenir, à ses « Pourquoi ? », à ses « Et après ? » et ses « Comment ? », à « Son Mystère Permanent ». Ainsi, peut-être sommes-nous sages si nous prenons ce risque de vivre Haut, de vivre Beau ? Nos corps quant à eux, savent nous le rappeler, ils attendent leur fin, soit par naturelles usures, diverses et plurielles, soit par quelque accident sur son parcours du temps qui court ; ils sont, de nos bien-êtres à nos douleurs, ces amplificateurs ardents, fervents de nos questionnements, et nous invitent à faire la cour à Notre humilité, radieuse et apaisée.
Ici-bas, comme partout ailleurs, l'éternité ne nous appartient pas. En outre, rien ne nous appartient, jamais ! Nous sommes les sujets d’un Monde qui devient, évolue, nous questionne, et n’est pas uniforme ; alors, comme il me semble vain de seulement tenter de Se domestiquer pour le bien arpenter.
Vivre Son Temps Présent en Propre Vérité, initiale Toujours, et faire confiance à Son Destin qui nous ouvre une voie, Unique parmi tant d’autres, La Nôtre, qui nous Traduit et nous Révèle en ce grand bain si mystérieux d’un Monde qui Advient… Sous ce regard des cieux… Dont les dieux ont la main.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 12 autres membres