DE L'AGONIE D'UN ESPOIR A UN ESPOIR QUI VEILLE
DE L’AGONIE D’UN ESPOIR À UN ESPOIR QUI VEILLE
Il ne meurt pas de mort violente,
Son agonie est lente,
Elle en appelle à ce passé
Aux acides regrets
D’émotions écorchées
Qui creusent leurs sillons
Chaque jour un peu plus.
Parfois de leur charrue
Elles heurtent un rocher,
Et leur soc s’exhale,
Quitte l’obscur pour la clarté
D’un souffle libéré,
Puis replonge à nouveau,
Mais plus profond encore
Dans la terre meuble de sa mort,
L’enfonçant toujours plus
En sa geôle d’humus.
Et l’acide labour
En mille traces brunes
Le creuse encore et le perfore,
Alors il craque mort,
Expire sous son joug.
Et s’il advient encore,
Ultime événement
Contrariant ce présent
Apparié d’infortune,
Amie entreprenante
Une roche avenante
Brisant ce mauvais sort,
Ou cette maladresse
Du maître de son temps
Courbé sur ses manchons,
Si ce soc rebelle
Soudain levant le nez,
Refusant de forer,
De creuser d’avantage,
Rompt cette destinée
Qui l’avait condamné,
Il reprend courage
Et délaisse sa tombe
Pour un instant encore,
Emprunt d’éternité.
Or l’âpre laboureur
En son esprit obtus
A souvent pour ses vues
Une tout autre idée,
Cette amère sentence
Qu’il sait lui asséner ;
Et de nouveau il fouille,
En plus déterminé,
De son si noir versoir
Sa terre de martyr,
Qu’il maudit de son ire,
Où puits de désespoir,
Amour dans le brouillard,
Abattu et vaincu
Il gémit blafard,
Et vit son agonie.
Alors, Devançant son trépas,
En relevant la tête une dernière fois,
Il crie aux étoiles
Son ivresse de vivre
En ultimes éclats.
Enfin, rompu par ce trop-plein d’ardeur
Du zélé laboureur,
Autant que par ses pleurs,
Il meurt en soupirant
Sur les marges du temps…
De son enterrement.
La chair de cette idylle
Qu’il quitte pour toujours,
Lègue de son acmé,
En ce fatal labour
Les violences nuptiales
De l’âme qu’il délaisse,
Et, pour ses lendemains
Elle tend en stigmates
Ses anciennes caresses.
Elle attendra, patiente,
Une pluie de semences
En nouvelles promesses,
Pour de nouvelles heures
Qui ne seront linceul
D’un balbutiant bonheur.
De toute mort renaît la vie,
Et l’espoir et l’envie ;
Après les larmes d’un présent,
Des lendemains feignant l’oubli
Offrent d’autres festins
À ces âmes meurtries
Qui leur tendent leurs mains,
Quand leurs sanglots, taris,
Leur ouvrent ces chemins
Où tout cœur refleurit.
Car, si meurt leur espoir,
Leur monde meurt aussi.
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