Ode à l'amant
Ode à l'amant
Tu es la vigueur du soleil
Et ta sève embaume.
Elle est un ruisseau de mai sous l'aubépine,
Plus douce que la fleur du sureau.
Tu te dresses et tu es la force de la forêt !
Tes reins blessent mes mains nouées,
Tu es rude comme un chêne.
Je t'ai baisé comme un rouge-gorge dans ma main,
J'aime la tiédeur de ton corps dans ma main.
Je me rassasie de ton odeur sauvage ;
Tu sens les bois et les marécages
Tu es beau comme un loup,
Tu jaillis comme un hêtre
Dont l'énergie gonfle l'écorce.
... Le nœud de tes épaules est dur sous les mains ;
L'axe du monde est dans ta chair.
... Mais je louerai ton cri sauvage,
Mais je louerai ton corps qui embaume,
C'est un bois sauvage aux rudes fleurs.
Je louerai ta brutalité,
Le sanglot rauque de ta chair ;
Je louerai ta sève immense
Où l'univers est en puissance.
Je louerai tes poings et comment ils se dénouent
Tout à coup quand tu retombes
Au creux d'une épaule,
Plus doux qu'un petit enfant
Et plus innocent qu'un ange.
"Ce n'est rien, c'est la vie" - Ed. Chiberre, 1926
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