METAMORPHOSE
MÉTAMORPHOSE
Puis j’ai souri ! Et mille turions tendres ont enflé en bourgeons sur mes rameaux d’hiver désertant à pas lents la froidure d’un passé qui m’avait torturé. Ils m’enlaçaient ainsi, presque à la dérobée, révélant les lueurs d’un printemps rédempteur encore en devenir. Mille pousses fragiles émergeaient de ma terre, perçant son sol boueux de mille rayons verts qui buvaient le soleil en grisantes gorgées, de ses aubes si claires à ses couchants vermeil. Une onde vibratoire et séductrice à souhaits, en frissons généreux parcourut ma carcasse de mille traits de feux percutants et pugnaces. S’oublièrent ainsi ces frimas de mon corps au cœur las, car mon âme, à présent dépouillée des affres d’un passé qui s’oubliait ailleurs, se livrait aux douceurs de combats à venir aux enjeux capitaux, vaincre pour vivre haut, ou perdre, et de nouveau mourir sous les tourments d’un noir bourreau. Qu’importe ! J’avais d’une saison, mais qui dura des siècles, oublié les douleurs, et de l’enfantement et d’une mort muette ; seuls ces lendemains vainqueurs emplissant ma demeure, mystérieux enjôleurs m’emportaient avec eux en imprégnant mes heures d’une royale gageure, faire de moi, enfin, ce roi libérateur de futures oppressions qu’il saurait soumettre à ces vœux de printemps qu’il sentait en lui… Naître.
Ainsi, mon sourire, et plus vaillant encore qu’hier il ne fut avant que de s’éteindre, a épousé mes jours et adouci mes nuits. J’étais libre, enfin, ou me sentais ainsi, et mon être, en son entier d’envies, hier racornies, s’éveillait en grand jour aux espoirs de Ma Vie. J’émergeais d’un sommeil cruel et souverain où mes songes semblaient, piètre réalité, plus noirs et bourreaux que cauchemars hantés. Mon regard sur ces lieux qui m’ont emprisonné m’a toutefois appris à de nouveau voir mieux, et même presque bien, jusqu’à l’apprivoiser, ce malheur souverain qui m’avait, en cet hier agonisant condamné à errer, me privant d’un destin auquel me raccrocher.
Alors, d’un sourire, bien qu’encore incertain, j’ai soudainement ri, et ma peine est partie, à l’anglaise, sans me dire au revoir, m’abandonnant l’Espoir d’une douce harmonie. Mon rire, tout d’abord fou, s’est repris, solennel, puis il s’est retourné vers mon trouble passé, et avec émotion l'a caressé de ma reconnaissance.
Ce rire était celui d’un homme qui quittait une errance. Aussi proche fut-elle encore, il n’y pensa plus, car à jamais lointaine elle désertait ses nues, et, s’il se résignait en souvenirs intenses à garder d’elle quelques jalons précieux, il fustigeait aussi cet ignoble carcan de son Hadès sans lumière qui occulta Mes Feux.
Alors, et seulement à cet instant précis, mon sourire en bamboche j’ai pris mon baluchon, puis j’ai fermé ma porte aux vilains souvenirs. Mon pas, allègre de nouveau sur ce chemin tout neuf qui s’ouvrait devant moi, ainsi que mon regard affirmé et confiant courtisant ce lointain qui lui faisait de l’œil, épousèrent de concert, complices patentés, cet horizon tissé d’une liberté neuve défiant la raison, caressant la Beauté.
Je pouvais devenir l’Être de Mes Passions, de Mes Amours, de Ma Fusion avec Mes Jours et Mes Nuits, avec Mes Doutes aussi, et, Homme Libéré vivre le monde en Mes Clartés, car le soleil m’a emporté, j’étais en lui évaporé, prêt à manger Ce Ciel de Mes Félicités, en lui confiant Ma Destinée.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 12 autres membres