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BLANCHE SAHUQUE

L’ESPOIR

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 L’espoir (1)

Bel espoir qui tenez la face du vieux monde

En vos puissantes mains,

Sphinx où vont se briser comme une mer qui gronde,

Tous les désirs humains!

Toujours votre regard d'ivresse et d'émeraude

Fascinera les coeurs,

Tant que par les chemins... L'Amour en maraude

Fera germer vos pleurs;

Tant que vous draperez la splendeur de l'aurore

Dans son mensonge bleu,

Et que vous mêlerez aux lis qui vont éclore

.....................................

Tant que vous verserez aux fronts et aux calices,

Des rêves, des parfums,

Que les printemps seront enivrants et complices

Et les hivers défunts;

Tant que la chaude voix de la vive jeunesse

Chantera au soleil,

Tantôt sa turbulence et tantôt sa paresse,

Au caprice pareil;

Enfin, tant que parmi les larmes du vieux monde

Et son deuil éternel,

Vous pencherez un peu votre figure blonde

De jeune dieu cruel!

Et que, masquant la Vie et la douleur promise

A nos coeurs esseulés,

Vous mettrez sur la route où le désir se brise

Vos deux yeux étoilés.

Vers le couchant

Pages posthumes, 1913